Nous nous entraînons à convertir en continu ce que nous voulons mettre au fond, puis nous convertissons ce continu en silence.
Un bruit qui n’est pas continu, n’est pas un bruit car la séparation supposé par le discontinu prouve une reconnaissance qui, elle, à son tour, est l’épreuve de la séparation.
Comme fond, un fond aussi se reconnait, mais comme il n’y a pas d’événement continu : fond est donc fonction d’oubli.
De la même façon qu’il y a beaucoup moins de différence entre zéro feur et zéro lièvre qu’entre une feur et un lièvre. On dirait qu’avec le bruit et le silence, le dehors d’une part, et le fait d’y aller d’autre part, tendent dangereusement à se confondre.
Reconnaître le silence quand il arrive remplit le vide.
Il faut garder une place pour ce qui est reconnaissable mais innommable.
Nommer ce qui n’existe qu’en ne l’étant pas génère beaucoup de bruit chez les humains.
Du bruit a lieu quand la fonction du bruit nous arrive.
Le bruit, le silence : de supposés objets, mais ils se transforment en opération quand on y pense.
On croit nommer un objet qui arrive, une durée qui vient, alors que l’on nomme une opération en train de se faire.
Rien nous éduque : rien arrive, rien n’arrive. Quant à l’écoute, plus que le silence, c’est le bruit qui va nous muscler la pensée à cet endroit-là. Et si l’on y restait coincé, il y aurait de l’idiotie dans ce là : constater une réalité ou revendiquer un possible.
Il y a d’une part l’idiot qui reste coincé dans l’alternative de la conversion du bruit en silence, d’autre part l’idiot qui reste coincé dans le bruit que fait la conversion. Ce deuxième idiot confond ses constats et ses revendications. On envoie au fond ce qui ne nous intéresse pas. Le silence est plein de merde(s). Nous sous-estimons la puissance du bruit : ce qu’il permettrait si l’on allait mieux pêcher en lui. Il n’y a pas de bruit nommable, et si on le pense malgré tout, c’est qu’on s’amuse à se faire peur.
